Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7635

Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 417-418).
7635. — À M. LE ROY[1].
Ferney, 16 auguste.

Je suis, monsieur, aussi sensible que Sirven à la justice que vous lui rendez. Si les prétendus professeurs d’équité étaient aussi éclairés et aussi honnêtes qu’un professeur de médecine tel que vous, cette famille innocente et malheureuse ne serait pas dans l’état funeste où l’ignorance et l’injustice l’ont plongée. La sentence contre les Sirven est un nouvel outrage au sens commun, à la physique, aux sentiments de la nature, qui couvre la patrie de honte. Je me flatte que votre rapport ne contribuera pas peu à venger les Sirven et la France. Tous les bons citoyens vous béniront, et je vous aurai, monsieur, une obligation particulière, moi qui suis occupé depuis six ans à tirer la famille Sirven de l’oppression et de la misère. Il est bien cruel que la vie et l’honneur d’un père de famille dépendent d’un chirurgien ignorant et d’un juge idiot.

Agréez, monsieur, ma reconnaissance et tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.