Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7611

Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 396-397).
7611. — À M. CHRISTIN[1].
27 juillet.

Dites-moi, mon cher ami, votre avis sur un cas de jurisprudence française ; c’est une supposition.

On a imprimé dans les pays étrangers un livre concernant le parlement de Paris, dans lequel on dit qu’il y a des méprises et des expressions désagréables, quoiqu’il n’y eût point de terme offensant. La voix publique attribue cet ouvrage à un jeune avocat de province, sans qu’on ait ni qu’on puisse avoir la plus légère preuve.

On demande si le parlement est en droit d’ajourner personnellement ou même de décréter de prise de corps, sur de simples faux bruits, un jeune homme domicilié dans un autre parlement, et qui est seigneur de paroisse dans le ressort d’un parlement de province ; on demande si, au cas que messieurs de Paris prissent cette voie, le jeune avocat n’est pas en droit de demander d’être renvoyé devant ses juges naturels.

On demande si, pour cet effet, il doit présenter requête au conseil, ou s’il doit la présenter au parlement dans le ressort duquel il habite.

Ce jeune homme est né à Paris ; mais il n’y a jamais eu de domicile à lui appartenant.

Je ferai passer à mon cher petit philosophe les arrêts concernant les mainmortables[2] sitôt que je les aurai reçus.

J’embrasse bien tendrement mon philosophe.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez les Écrits pour les serfs du mont Jura.