Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7225

7225. — À M. LE CHEVALIER DE TAULÈS.
À Ferney, 4 avril.

M. le duc de Choiseul a eu la bonté, monsieur, de me mander qu’il me ferait communiquer les pièces dont j’aurais besoin ; mais malheureusement je n’ai presque plus besoin de rien, à présent que toute l’histoire militaire et politique de Louis XIV est imprimée ; il ne reste plus que le jansénisme et le quiétisme[1], sur lesquels il faut se contenter de jeter tout le ridicule qu’ils méritent.

J’ai écrit à M. le duc de Choiseul[2] que je ne lui demandais que deux ou trois lettres d’un furfante italiano nommé Giori, écrites de Rome à M. de Torcy, au mois de janvier ou février 1699, contre le cardinal de Bouillon, son bienfaiteur ; c’est ce qui fut la cause de la longue disgrâce de ce cardinal.

Si vous avez pu, monsieur, vous résoudre à lire toutes ces archives des bêtises théologiques et des friponneries de prêtres, je me recommande à vos bontés, en cas que vous y trouviez quelque chose qui puisse augmenter le profond mépris qu’on doit avoir pour ces pauvretés. Je suis pénétré pour vous de reconnaissance autant que d’estime.

Voltaire.

  1. Les chapitres xxxvii et xxxviii du Siècle de Louis XIV
  2. Voyez lettre 7221.