Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7138

Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 493-494).
7138. — À M. LE RICHE.
Le 16 janvier.

Je vous suis très-obligé, monsieur, de votre belle consultation sur la retenue du vingtième ; aucun avocat n’aurait mieux expliqué l’affaire.

Je me flatte que vous aurez fait parvenir à l’ami Nonotte la Lettre d’un avocat#1 qui ne vous vaut pas. On accommodera plutôt cent affaires avec des princes qu’une seule avec des fanatiques. La ville de Besançon est pleine de ces monstres.[1][2][3][4]

Je ne sais si vous avez apprivoisé ceux d’Orgelet. Je ne connaissais point un livre imprimé à Besançon, intitulé Histoire du christianisme, tirée des auteurs païens[5], par un Bullet, professeur en théologie. Je viens de l’acheter. Si quelque impie avait voulu rendre le christianisme ridicule et odieux, il ne s’y serait pas pris autrement. Il ramasse tous les traits de mépris et d’horreur que les Romains et les Grecs ont lancés contre les premiers chrétiens, pour prouver, dit-il, que ces chrétiens étaient fort connus des païens.

Puisse le pauvre Fantet[6] ne pas trouver en Flandre des gens plus superstitieux que les Comtois ! Je vous embrasse, etc.

  1. Voyez lettre 7108.
  2. Robbé de Beauveset, né vers 1714, mort en décembre 1792, avait fait un poëme sur un sujet dont on disait qu’il était plein. (B.)
  3. Cet avocat était mort en décembre 1767 ; voyez lettre 6754
  4. Voyez cette pièce, tome XXVI, page 562.
  5. Histoire de l’établissement du christianisme, tirée des seuls auteurs juifs et païens, 1764, in-4°, seconde édition, 1814, in-8°.
  6. Libraire à Besançon, dont l’affaire avait été renvoyée au parlement de Douai