Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7113

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 471).
7113. — À M. MOULTOU[1].
29 décembre 1767, à Ferney.

Eh bien ! le diable qui se mêle de toutes les affaires de ce monde, et qui détruit toutes les bonnes œuvres, ne vient-il pas d’arrêter tout net M. de Chardon, lorsqu’il allait rapporter l’affaire des Sirven ? Le parlement ne lui fait-il pas une espèce de procès criminel pour avoir rapporté devant le roi l’affaire de la Caïenne ? Le roi est, à la vérité, indigné contre le parlement ; mais le procès des Sirven n’en est pas moins retardé. Je vais animer M. de Chardon ; il est un de nos philosophes, et l’on verra peut-être à la fin que la philosophie est bonne à quelque chose.

La facétie de la Sorbonne contre Bélisaire paraît enfin. Elle ressemble aux pièces nouvelles de cet hiver, elle est sifflée ; mais le nonce la dénonce a Rome comme scandaleuse, et cette dénonciation dudit nonce est encore sifflée. La condamnation de Rome le sera aussi. Et de rire !

Je ne ris point sur les Sirven.

Je suis surtout très-sérieux quand je vous renouvelle mon tendre et inviolable attachement.

  1. Éditeur, A. Coquerel.