Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6840

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 214-216).
6840. — À M. DE BELMONT[1],
à bordeaux.
13 avril 1767, à Ferney.

Nouveaux changements dans la tragédie des Scythes[2].

Acte Ier, scène i (édition des Cramer) :

L’olivier à la main devant nous se présente…


corrigez :

Sur un coursier superbe à nos yeux se présente…

N. B. L’olivier n’est point symbole en Perse ; et s’il l’est, on ne doit pas dire : Viens-tu nous insulter…[3].

Même scène, mettez :

Son adorable fille… [7 vers.]

Acte II, scène i, corrigez ainsi :

OBÉIDE.

Après mon infortune… [9 vers.]

OBÉIDE.

Hélas ! veux-tu m’ôter, en croyant m’éblouir,
Ce malheureux repos dont je cherche à jouir.
Au parti que je prends je me suis condamnée.
Va, si j’aime en secret les lieux où je suis née,
Mon cœur doit s’en punir : il se doit imposer
Un frein qui le retienne, et qu’il n’ose briser.
N’en demande pas plus. Mon père veut un gendre ;
Il ne l’ordonne point, mais je sais trop l’entendre.
Le fils de son ami doit être préféré…

Acte III, scène i :

Commencez cette scène ainsi :

ATHAMARE.

Quoi ! c’était Obéide… [4 vers.]

Même scène :

Elle aura rassemblé… [4 vers.]
Croyez-moi, les sanglots sont la voix des douleurs,
Et les yeux irrités… [5 vers.]
Hélas ! s’il était vrai ! Tu me flattes peut-être.
Ami, tu prends pitié… [3 vers].

Cette même scène doit finir ainsi :

HIRCAN.

Marche vers la cabanOui, seigneur, Obéide
Marche vers la cabane où son père réside.
Je l’aperçois.

ATHAMARE.

Ce père malhHélas ! tâche de désarmer
Ce père malheureux… [Fin conforme au texte.]


Acte III, scène ii :

Sa vertu s’est connue… [12 vers.]
J’obéis. Dieux puissants qui voyez mon outrage,
Secondez mon amour, secondez mon courage.

(Il sort.)

Scène III.

SOZAME.

Eh quoi ! cet ennemi nous poursuivra toujours !
Il vient flétrir ici les derniers de mes jours !

Même scène :

J’ai fait depuis quatre ans… [3 vers 1/2.]

Acte IV, scène v.

ATHAMARE.

D’affliger ta viellesse.....Il m’en coûte
D’affliger ta vieillesse… [5 vers.]

(On a déjà envoyé toutes les corrections du cinquième acte.)

Si M. de Belmont veut que la pièce lui produise quelque chose, il faut qu’Obéide soit touchante et sache pleurer ; qu’Athamare soit jeune, brillant, passionné, emporté ; que les vieillards soient naturels ; qu’Indatire soit naïf, vif et tendre avec Obéide, simple et fier avec son rival. Il faut que les confidents prennent part à l’action. La pièce est très-difficile à jouer. Si M. de Belmont veut faire une nouvelle édition de la pièce, voici l’épître dédicatoire suivant l’édition de Paris. C’est un vieux Scythe qui lui écrit et qui lui fait ses compliments.

  1. Publié dans les Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, n° 3 (1880) par M. Barkhausen, d’après l’original, qui appartient à M. J. -E. Péry, notaire honoraire à Bordeaux.
  2. Nous nous bornerons à indiquer, sans les transcrire, les variantes qui sont dans notre texte, tome VI, page 332.
  3. Cette note est en marge de l’original, où elle est suivie d’une seconde, écrite d’une main différente : « Pourquoi avoir rétabli dans l’édition de Genève l’olivier à la main, etc. » ?