Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6602

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 522-523).
6602. — À M. LACOMBE[1].
5 décembre.

Il y a une terrible faute, monsieur, ou je suis bien trompé, à la page 178. La voici : Il n’y a eu ancun exemple de proscriptions, excepté chez les Juifs. Il manque certainement là quelque chose ; il y a apparemment : dans la première antiquité connue. Je vous en avertis aussitôt que je reçois votre paquet, afin que vous ayez la bonté d’y apporter un prompt remède.

Je n’ai pu avoir encore un petit écrit sur Jean-Jacques qu’on m’avait promis. Je vous prie, monsieur, de m’envoyer le poëme de M. Dorat, sur la Déclamation, dès qu’il paraîtra, et de me dire quel est l’auteur de l’Avis au prétendu sage[2].

Mon ami m’écrit que vous pourrez faire paraître, quand il vous plaira, votre pâté froid. Il dit que ses petits pâtés chauds, quoiqu’ils soient sortis du four il y a quinze jours, ne seront pas servis sitôt sur table[3].

S’il y a quelque chose de nouveau, vous me ferez plaisir de m’en faire part.

M. de La Harpe travaille chez moi à une tragédie qui pourra être prête à Pâques. J’espère qu’elle réussira, et que vous l’imprimerez.

Dites-moi, je vous prie, si vous avez entendu parler d’un livre en deux volumes, intitulé les Erreurs historiques et dogmatiques de Voltaire, par un faquin d’ex-jésuite nommé Nonotte. Est-il connu à Paris ? Il est détestable. Serait-on assez sot pour qu’il eût quelque vogue ?

Je vous embrasse de tout mon cœur, et je compte toujours sur votre amitié.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Avis aux sages du siècle, MM. Voltaire et Rousseau, pièce de vers par Dorat.
  3. C’est-à-dire que les Scythes ne seront pas sitôt représentés.