Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6594

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 516-517).

6594. — À M. DAMILAVILLE.
28 novembre.

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 20 novembre. Le roi ne pouvait s’y prendre plus paternellement pour apaiser les troubles de Genève. Il fera dans cette taupinière ce qu’il a fait dans son royaume. Il a éteint les querelles indécentes et dangereuses des parlements et des évêques. Il a tout remis dans l’ordre, et je joins, dans les titres que je lui donne, le nom de Sage à celui de Bien-Aimé.

M. Boursier écrit à M. d’Alembert, Vous voyez bien qu’il ne vous trompait pas, quand il disait qu’on pouvait absolument compter sur les offres de son correspondant[1]. Ces offres ne sont point du tout à rejeter. Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection.

M. du Cré dit qu’il vous a envoyé un paquet par votre directeur, et il suppose que vous l’avez reçu. Je crois que ce paquet doit être parti de Lyon.

N’avez-vous point vu M. l’abbé Mignot depuis qu’il est de retour à Paris ?

Je crois que l’affaire de M. de Lemberta réussira[2].

Adieu, mon cher ami ; je vous écris à butons rompus et fort à la hâte, étant entouré de monde et accablé de maladie. Mille compliments, je vous prie, à M. Tonpla.

N. B. On m’a envoyé la Justification de Rousseau[3]. Quel est le sot qui a écrit cette sottise ? Est-il vrai que c’est le libraire Panckoucke ? En ce cas, il est digne de seconder le docteur Pansophe.

Encore un petit mot : M. de Beaumont a-t-il vu l’Avis au public[4] ?

  1. Le roi de Prusse, pour la colonie de philosophes à Clêves.
  2. Voyez page 514, note 1.
  3. Justification de J.-J. Rousseau dans la contestation qui lui est survenue avec M. Hume ; Londres (Paris), in-12 de ij et 28 pages. L’auteur ne m’est pas connu. (B.)
  4. l’Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven ; voyez tome XXV, page 517.