Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6582

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 505-506).

6582. — À M. LACOMBE[1].
21 novembre au soir.

Je reçois votre paquet, monsieur. Il y a à la page 152, ligne 14, procrivit pour proscrivit. Je me souviens qu’il y avait aussi quelques fautes dans la pièce. Je ne peux vous les indiquer, parce que j’ai envoyé l’ouvrage au roi de Prusse, qui m’avait demandé si je ne pouvais pas lui faire avoir quelques vers nouveaux de Paris.

La justification de Jean-Jacques est d’un sot ; il méritait au moins d’être défendu par un fou qui eût de l’esprit.

Quand vous aurez achevé votre besogne, je vous supplierai de vouloir bien, monsieur, m’envoyer deux exemplaires que je garderai fidèlement : l’un est pour ma nièce, l’autre est pour moi.

Je vous demande encore en grâce de ne point ouvrir votre glacière au public de plus de quinze jours après l’impression ; la raison en est qu’on va donner au théâtre quelque chose de fort chaud[2], à ce que l’on dit, et que la glace du Triumvirat pourrait trop refroidir le public sur les petits pâtés tout chauds qu’on va lui donner. Je vous confie tout cela sous le plus grand secret. Je crois qu’il est de votre intérêt de temporiser au moins quinze jours, et peut-être trois semaines. Vous sentez bien que, si les pâtés tout chauds étaient mangés avec plaisir, votre fromage à la glace serait bien mieux reçu.

La Lettre à M. le docteur Pansophe n’est assurément point de moi ; on m’assure qu’elle est de l’abbé Coyer, et je crois y reconnaître son style. Elle est fort jolie, à quelques longueurs et quelques répétitions près. Mais il est fort mal à l’abbé Coyer de mettre sous mon nom une chose que je n’ai point faite. C’est un procédé qui me fait beaucoup de peine. Je vous prie très-instamment de désabuser ceux qui croient que cette lettre est de moi.

Recevez mes très-tendres amitiés, monsieur. Votre très-honnête et obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Les Scythes.