Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6365

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 309).

6365. — À M.  LE BARON GRIMM.
Ferney, 13 juin.

Je demande une grâce à mon cher prophète : c’est de vouloir bien me donner les noms et les adresses des personnes raisonnables et respectables d’Allemagne qui ont exercé leur générosité envers les Calas, et qui pourraient répandre sur les Sirven quelques gouttes de baume qu’elles ont versé sur les blessures des innocents infortunés. J’attends de jour en jour un factum de M. de Beaumont en faveur de la famille Sirven. Je ne sais s’il obtiendra justice pour elle ; mais je suis très-sûr qu’il démontrera son innocence. C’est le public que je prends toujours pour juge : il se trompe quelquefois au théâtre, et ce n’est que pour un temps ; mais, dans les affaires qui intéressent la société, il prend toujours le bon parti. Deux parricides imputés coup sur coup pour cause de religion sont, à mon avis, un objet bien intéressant et bien digne de notre philosophie. Mes tendres respects à ma philosophe[1].

  1. Mme  d’Épinai. (Note des éditeurs de la Correspondance de Grimm.)