Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6366

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 309-310).

6366. — À M.  LE MARQUIS DE VILLEVIEILLE[1].
14 juin.

Il est vrai, monsieur, que je n’ai point reçu les six exemplaires[2] dont vous m’avez gratifié, par la voie du premier secrétaire de l’intendance de Besançon. Il se nomme M.  Ethis ; j’ai écrit à cet Ethis : il faut qu’il soit dévot ; il ne m’a point répondu. Mais d’honnêtes gens, qui ne sont point dévots, m’ont apporté quatre exemplaires. C’est assurément le plus beau présent que vous puissiez me faire. Je suis pénétré de reconnaissance.

Je vois par l’excès de vos bontés que vous vous intéressez à l’auteur et à l’ouvrage ; cet ouvrage me paraît excellent. On n’a jamais ni cité avec plus de fidélité, ni raisonné avec plus de justesse. J’aime passionnément l’auteur, quel qu’il soit. Je voudrais être assez heureux pour vous tenir avec lui dans mon ermitage. Je sais bien que l’auteur n’est pas prêtre ; mais je voudrais le prendre pour mon confesseur. Je n’ai pas longtemps à vivre ; je trouverais fort doux d’être assisté à la mort par un pareil chrétien.

J’ai lu le livre deux fois, je le relirai une troisième, et je vous remercierai toute ma vie. V.

Je rouvre ma lettre aussi proprement que je le puis pour vous supplier, monsieur, de vouloir bien me dire s’il est vrai que le roi ait ordonné que l’on conservât les jésuites en Lorraine. Le livre que vous m’avez envoyé m’apprend à douter de tout ; mais je croirai ce que vous me direz.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. De l’Examen critique.