Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6115


6115. — À M.  LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
Ferney, 20 septembre.

Vous auriez bien dû, monsieur, venir passer vos trois mois de retraite chez moi ; vous m’auriez consolé de ma vieillesse et de mes souffrances, et j’aurais fait mon possible pour vous consoler de vos chagrins. Mais vous avez trouvé dans vous-même, dans votre philosophie, dans votre goût pour la littérature, des ressources plus sûres qu’on ne pourrait vous en présenter. Le sujet de votre peine n’était d’ailleurs qu’un malheur très-commun aux gens heureux, et c’est un malheur que vous avez peut-être déjà réparé. Ceux qui perdent ont possédé. Pour moi, il y a longtemps que j’ai le malheur de n’avoir rien à perdre.

Je n’ai jamais reçu les traductions de M. Cesarotti ; mais son nom m’est fort connu, et je sais que c’est un homme digne de votre amitié. Si vous voulez bien, monsieur, l’assurer de ma respectueuse estime, lorsque vous lui écrirez, ce sera une nouvelle obligation que je vous aurai. Vous savez combien je vous suis tendrement attaché pour le reste de ma vie.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.