Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5944

Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 492).

5944. — À M.  ÉLIE DE BEAUMONT[1].
17 mars.

Vous commencez, monsieur, votre carrière comme Cicéron[2] ; mais malheureusement parmi nous l’éloquence, la connaissance des lois, la protection donnée à l’innocence, ne font pas des sénateurs et des consuls. Vous n’aurez peut-être que de la gloire ; mais vous l’aurez bien pure et bien éclatante.

J’aurai donc l’honneur, puisque vous le permettez, de vous envoyer dans quelques jours le mémoire de Sirven. Vous verrez s’il est possible qu’on puisse rendre justice à cette famille infortunée sans qu’elle purge sa contumace, et si on peut lui donner d’autres juges que ses bourreaux.

Je n’ai jamais eu le bonheur de vous voir ; mais je vous aime comme si je vous avais vu bien souvent. Je vous révère comme vous le méritez. Mes sentiments sont au-dessus du très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le jugement en faveur des Calas avait été rendu le 9 mars.