Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5906

Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 454-455).

5906. — À M. DUCLOS[1].
1er février.

Dans la crainte ou j’étais d’avoir manqué à mon devoir par la négligence du gros joufflu Gabriel Cramer, je pris le parti, monsieur, d’envoyer le seul exemplaire que j’aie, et de vous l’adresser, il y a quelques jours, par le carrosse de Lyon. Le gros joufflu Gabriel s’était trompé dans son calcul ; il n’avait pas tiré assez d’exemplaires ; il a été obligé de faire une seconde édition, qui sera prête dans un mois.

Il y a une seconde édition dont je suis bien plus curieux, c’est celle de vos Considérations sur les mœurs. C’est un excellent livre, quoi qu’en disent MM. Fréron et Palissot.

Permettez que M. Damilaville vous rembourse les frais que coûtera le port de l’exemplaire de Corneille que j’ai eu l’honneur de vous envoyer pour l’Académie.

Je ne sais pas pourquoi vous dites que vous ne voulez plus rien faire imprimer. Vous devriez avoir un peu plus de condescendance pour ceux qui veulent s’instruire. Les livres frivoles sont innombrables ; les livres solides sont en bien petit nombre.

Je vous prie de me regarder comme un de ceux qui vous sont le plus étroitement attachés par les sentiments de l’estime et de l’amitié.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.