Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5879


5879. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 12 janvier.

Mes divins anges, j’ai oublié, dans ma requête à M. le duc de Praslin, de spécifier que ce vieux de Moultou, qui veut promener sa vieille vessie à Montpellier, a un fils qu’on appelle prêtre, ministre du saint Évangile, pasteur d’ouailles calvinistes, et qui n’est rien de tout cela ; c’est un philosophe des plus décidés et des plus aimables. J’ignore si sa qualité de ministre évangélique s’oppose aux bontés d’un ministre d’État ; j’ignore s’il est nécessaire que M. le duc de Praslin ait la bonté de faire mettre, dans le passe-port, le sieur Moultou et son fils le prêtre. Je m’en rapporte uniquement à la protection et à la complaisance de M. le duc de Praslin ; les maux que souffre Moultou le père sont dignes de sa pitié. Il n’y a pas un moment à perdre si on veut lui sauver la vie. Tronchin inocule, mais il ne taille point la pierre.