Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5860

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 414-415).

5860. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
mémoire pour pierre corneille du pont-marie,
au sujet de pierre corneille, auteur de cinna.

Mes anges, protecteurs des deux Pierre, sont priés humblement de considérer :

Que, le roi ayant souscrit pour deux cents exemplaires, M. de La Borde ayant favorisé cette entreprise avec toute la générosité possible, et ayant payé d’avance la moitié de la souscription de Sa Majesté, il demande aujourd’hui la délivrance de ces deux cents exemplaires, après nous avoir flattés que le roi n’en prendrait qu’une douzaine.

Il est certain que le roi n’a que faire de ces deux mille quatre cents volumes, qui composent les deux cents exemplaires souscrits par Sa Majesté.

Si le roi en prend cinquante, c’est beaucoup. Ne pourrait-on pas engager le roi, ou ses ayants cause, à faire présent de ces cent cinquante exemplaires restants à Pierre Corneille du Pont-Marie ? Cela pourrait composer une somme de trois cents louis d’or pour ledit Pierre. Mais, pour lui procurer cet avantage, il ne faudrait pas baisser le prix. On pourrait déposer les volumes entre les mains de quelque homme intelligent et fidèle, qui, moyennant un profit honnête, se chargerait de la vente. On pourrait même, du produit, faire une petite rente sur la tête de M. Pierre et de sa femme. Je soumets ma proposition aux lumières et aux bontés de mes anges, et je leur demande bien pardon de ne leur envoyer aujourd’hui que trois mémoires.

N. B. Les exemplaires sont en chemin.