Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5828

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 383).

5828. — À M. DE BRENLES.
Ferney, 23 novembre.

Mon cher philosophe, je serais bien tenté de venir chez vous avec mon bâton d’aveugle ou avec mon chien. Vous n’auriez pas dans votre maison un philosophe cynique ennemi des hommes ; mais malheureusement il faudra que j’attende que ma fluxion soit passée ; peut-être durera-t-elle tout l’hiver, et alors il faudra attendre le printemps. Je suis pénétré de vos offres charmantes ; il faut que vous ajoutiez une bonté nouvelle à toutes celles que vous me témoignez ; que cela soit entre nous deux seuls, je vous en prie.

Il s’agit de savoir s’il y a quelqu’un à Lausanne qui ait un peu de crédit sur l’esprit du prince de Wurtemberg, et qui pût seconder la noblesse de ses sentiments, en le portant à faire une action digne de lui, action juste et honnête, et qui n’exige de sa part qu’un seul mot qui ne peut le compromettre.

Mille respects à madame la philosophe. V.