Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5708

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 271-272).

5708. — À M.  DUPONT.
À Ferney, par Genève, 12 juillet.

On a recours à ses amis dans l’occasion. Je commence, mon cher philosophe, à recouvrer la vue. Ma fluxion sur les yeux est tombée sur la gorge, et la première chose que j’aie lue de mes yeux dans les nouvelles publiques, c’est que M. le duc de Wurtemberg a quitté ses États, que ses affaires sont dérangées, tous les payements arrêtés. La seconde, c’est que le duc a emprunté beaucoup d’argent sur la terre de Horbourg et de Riquevir, qui fournissait jusqu’à présent au payement d’une rente de 28,000 livres que j’ai sur lui, rente qui compose la meilleure partie de mon bien.

Je n’ai d’autres titres qu’une promesse de passer contrat, signée de la main du duc. Je crois même que je vous laissai en partant de Colmar un double de cette promesse. Si vous avez ce double, je vous prie de le faire homologuer au conseil souverain d’Alsace, et de le faire signifier au receveur de Horbourg et de Riquevir.

Ne pouvez-vous pas même, pour prévenir tout abus, lui faire signifier défense de payer à d’autres qu’à moi, en attendant la signification de la promesse du duc valant contrat ? C’est ce que j’ignore, et ce que je ne propose qu’en cas que votre jurisprudence le permette.

Si vous n’avez pas ce double, mandez-moi, je vous prie, si je dois vous envoyer l’original, ou si je peux me contenter d’envoyer une copie légalisée.

Il est probable, mon cher ami, qu’on est instruit à Colmar de tout ce qui regarde cette affaire. Ayez la bonté de me dire ce que vous en savez, et aimez votre vieil ami V.