Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5575
Ce n’est pas assurément un ministre d’État qui a écrit les Lettres historiques sur les fonctions essentielles du parlement[1]. J’ai reçu, grâce aux bontés de mon cher frère, le tome second de cet ouvrage. L’auteur est un homme très-instruit ; mais il ressemble à don Quichotte, qui voyait partout des chevaliers et des châteaux, quand les autres ne voyaient que des meuniers et des moulins à vent. Ne pourriez-vous point me dire à qui on attribue ce livre ?
J’ai lu Blanche[2]. Nous prenons donc à présent nos tragédies chez les Anglais ? Quand prendrons-nous ce qu’ils ont de bon ?
Il y a un petit volume du doux Caveyrac, intitulé Il est temps de parler[3]. On ne devrait pas avoir le temps de le lire ; mais je suis curieux. J’ai à peu près tout ce qui s’est fait pour et contre les jésuites ; envoyez-moi, je vous prie, le doux Caveyrac. Voudriez-vous aussi avoir la bonté de me faire connaître le conte de Piron intitulé la Queue[4] ? On prétend que le public a dit, comme le compère Matthieu[5] :
Messire Jean, je n’y veux point de queue.
Que dites-vous du parlement de Toulouse, qui ne veut pas enregistrer l’ordre du roi, de garder le silence ? Il faut que ces gens-là soient de grands bavards. A-t-on répondu à ce faquin de Crevier ? Nous le tenons d’un autre côté sur la sellette ; il sera condamné au moins à l’amende honorable. — Quid novi ? Ècr. l’inf…
Encore un mot à mon cher frère. Il a dû recevoir par M. Delaleu un certificat de vie, par lequel il apparaît que je suis possesseur de soixante-dix ans. Je souhaite vivre encore quelques années, pour embrasser mon frère, et pour aider à ècr. l’inf…