Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5374

Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 544-545).

5374. — À M. PIERRE ROUSSEAU[1].
Ferney, 14 auguste.

Je ne sais, monsieur, ce que c’est que les Mélanges dont vous parlez ; j’ai depuis quelque temps très-peu de correspondances à Paris. L’aventure de Jean-Jacques Rousseau et sa Lettre un peu indécente à monsieur l’archevêque de Paris ont été un peu funestes à la correspondance des gens de lettres. Il n’a plus été permis d’envoyer aucun imprimé par la poste ; je sais seulement qu’on imprime à Paris beaucoup de sottises, mais qu’on ne peut y en faire entrer aucune. On y a imprimé sous mon nom une prétendue tragédie anglaise intitulée Saül, que je n’ai jamais vue. Je reçois assez régulièrement votre Journal, qui m’instruit et m’amuse ; je souhaite qu’il vous soit aussi utile qu’il m’est agréable. Je ne suis guère occupé que d’agriculture cet été ; mais si je peux trouver quelque chose digne d’entrer dans votre greffe, et quelque manière de vous l’envoyer, je m’en ferai un vrai plaisir. J’ai l’honneur d’être, etc.

N. B. On vous a mal informé quand on vous a mandé que le parlement de Dijon conservait les jésuites : ils sont tous renvoyés, et j’ai fait la bouffonnerie d’en prendre un pour aumônier[2].

  1. Je laisse cette lettre à la date que lui a donnée M. A-A. Renouard à la page 282 du volume de Lettres inédites de Voltaire, 1822, in-8o. Cette date a été conservée jusqu’à ce jour ; mais ce n’est pas sans quelque doute que j’agis de même. C’est à la page 138 du cahier du 1er décembre que, dans le Journal encyclopédique, on annonce deux volumes de Mélanges de M. de Voltaire pour servir de Supplément à l’édition de 1751 en vingt-deux volumes. (B.)
  2. Addition d’après l’original, qui est à la Bibliothèque royale de Belgique sous le n° 11582, communiquée par M. F. Brunetière.