Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5368

Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 539-540).

5368. — À M. DAMILAVILLE.
12 auguste.

Je commence par dire à M. le ministre du vingtième que M. Marinval ou Morinval, directeur de Lyon, a payé pour moi mes trois vingtièmes pour toute l’année 1763, quoique je ne dusse en payer la moitié qu’au mois de septembre prochain ; mais j’aime à m’acquitter de bonne heure de mes petits devoirs de bon citoyen et de bon sujet : c’est ainsi que sont faits les véritables philosophes.

Je me flatte qu’on ne trouvera pas mauvais que je vous envoie le gros paquet ci-joint pour le conseil ; le tout s’adresse à M. Mariette. C’est une affaire très-importante, pour laquelle même je vous supplie, mon cher frère, d’encourager le zèle que M. Mariette veut bien me témoigner.

Je bénis Dieu de ce que vous avez reçu tous nos paquets. Vous avez eu la bonté en dernier lieu de m’envoyer les lettres patentes du roi pour des échanges de terre. Je mande à M. Mariette qu’il me manque deux pièces essentielles, qui sont la grosse de mon contrat d’échange et la permission de l’évêque. J’avais envoyé ces deux pièces : elles doivent être ou dans les bureaux de M. de Saint-Florentin, ou chez M. Mariette.

Quant aux autres pièces plus importantes, j’espère en faire tenir à mon frère dès qu’on sera revenu de Compiègne.

Je l’ai déjà supplié de me faire tenir le Radoteur ou le Radotage[1] ; on dit que c’est un bon ouvrage, qui a été fait sous les yeux de monsieur le contrôleur général. Je vous avoue que je crois que les ministres en savent toujours plus que moi ; je pourrais leur dire seulement ce que Despréaux disait au roi : « Sire, je me connais mieux en vers que Votre Majesté. »

J’ai demandé aussi à frère Thieriot[2] la lettre de Jean-Jacques[3], qui a fait, dit-on, quelque bruit à Paris.

Est-ce que mon frère connaît le conseiller Nigon ? C’est une chose bien extraordinaire qu’un Savoyard[4] sans éducation ait si bien ramoné la cheminée des cagots.

Il me paraît que M. de Forbonnais avait fait autrefois un fort bon livre de finance ; mais, comme dit François : Magis magnos clericos non sunt magis magnos sapientes[5].

Le présomptueux[6], l’ambitieux, mauvais sujets de comédie. Écr. l’inf…

  1. Entendons-nous, ou Radotage d’un vieux notaire sur la richesse de l’état, 1763, in-8o de 32 pages. L’auteur est J.-N. Moreau (voyez tome XXXIX, page 352). La lettre où Voltaire avait déjà demandé cet opuscule manque.
  2. La lettre à Thieriot est perdue.
  3. Voyez la note 2, page 536.
  4. Voyez la lettre 5335.
  5. Voyez la note, tome XXXIX, page 406.
  6. La Présomption à la mode, comédie de Cailhava, jouée le 1er août 1763, était tombée.