Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4805

Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 13).
4805. — À M. COLINI.
Aux Délices, 20 janvier.

Mon cher Colini, le paquet que j’ai adressé à Son Altesse électorale[1] était si gros que je n’ai pas osé y mettre un autre nom que le sien, de peur que la poste refusât de s’en charger. Au reste, cette pièce dont vous parlez n’est qu’une simple esquisse, et je travaille à rendre l’ouvrage[2] plus digne de lui.

Je suis bien vieux et bien cassé ; ma vue s’affaiblit ; mes oreilles deviennent bien dures ; cependant je ne perds jamais de vue l’affaire de Francfort, et je ne désespère pas d’obtenir justice : j’espère beaucoup des Russes. Il faudra bien qu’à la fin les Schmith et les Freytag connaissent qu’il y a une Providence. J’aiderai un peu cette Providence, si j’ai la force de faire un voyage ; et comme on espère toujours, j’espère faire un voyage, et vous embrasser, dès que je serai quitte de mon Pierre Corneille.

Addio, caro ! V.

  1. Charles-Théodore, électeur palatin.
  2. La tragédie d’Olympie.