Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4722

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 494).
4722. — À M. DU CLOS.
À Ferney, 26 octobre.

Je vous supplie, monsieur, d’engager l’Académie à me continuer ses bontés. Il est impossible que mon sentiment s’accorde toujours avec le sien, avant que je sache comme elle pense ; et quand je le sais, je m’y conforme, après avoir un peu disputé ; et si je ne m’y conforme pas entièrement, je tire au moins cet avantage de ses observations que je rapporte comme très-douteuse l’opinion contraire à ses sentiments ; et ce dernier cas arrivera très-rarement.

Presque tous les commentaires sont faits dans le goût des précédents ; ce sont des mémoires à consulter. M. d’Argental doit vous avoir remis Mèdèe et Polyeucte. Il ne s’agit donc que de vouloir bien faire, sur les deux commentaires de ces pièces, ce qu’on a eu la bonté de faire sur les autres, c’est-à-dire de mettre en marge ce qu’on pense. Je suis un peu hardi sur Polyeucte, je le sais bien ; mais c’est une raison de plus pour engager l’Académie à rectifier, par un mot en marge, ce qui peut m’être échappé de trop fort et de trop sévère : en un mot, il faut que l’ouvrage serve de grammaire et de poétique, et je ne peux parvenir à ce but qu’en consultant l’Académie.

Les libraires ne peuvent commencer à imprimer[1] qu’au mois de janvier, et ne donneront leur programme que dans ce temps-là.

J’aurai l’honneur de vous envoyer la dédicace et la préface. L’une et l’autre seront conformes aux intentions de l’Académie.

  1. Le Théâtre de P. Corneille avec des commentaires ; voyez l’Avertissement de Beuchot, tome XXXI, page 173.