Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4707

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 476).

4707. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Ferney, 11 octobre.

Je reçois, madame, le portrait de Mme de Pompadour. Il me manque des yeux pour le voir ; mais j’en trouve encore pour conduire ma plume et pour vous remercier. Je perds la vue, madame ; je ne vois pas ce que je vous écris. Songez que vous avez des yeux et un estomac. Conservez-les. Souvenez-vous de ma Genevoise qui a cent trois ans#1, et qui vient de se tirer d’une hydropisie. Imitez-la. Priez pour moi quelque saint, afin que je puisse venir vous faire ma cour et vous embrasser l’année prochaine. J’ai reçu le même jour des reliques de Rome pour une église que je fais bâtir, et le portrait de Mme de Pompadour. Me voilà très-bien pour ce monde-ci et pour l’autre.

Adieu, madame ; je vous suis attaché avec le plus tendre respect jusqu’au dernier moment.