Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4567
Est-ce une fille, est-ce un garçon[1] ?
Je n’en sais rien ; la Providence
Ne dit point son secret d’avance,
Et ne nous rend jamais raison.
Grands, petits, riches, gueux, fous, sages,
Tous aveugles dans leurs efforts.
Tous à tâtons font des ouvrages
Dont ils ignorent les ressorts.
C’est bien là que l’homme est machine ;
Mais le machiniste est là-haut.
Qui fait tout de sa main divine
Comme il lui plaît, et comme il faut.
Je bénis ses dons invisibles,
Car vous savez que tout est bien.
On ne peut se plaindre de rien
Au meilleur des mondes possibles.
S’il vous donne un prince, tant mieux
Pour tout l’État et pour son père ;
Et s’il a votre caractère,
C’est le plus beau présent des cieux.
Si d’une fille il vous régale.
Tant mieux encor ; c’est un bonheur :
En grâce, en beautés, en douceur,
Je la vois à sa mère égale.
Ô couple auguste ! heureux époux !
L’esprit prophétique m’emporte,
Fille ou garçon, il ne m’importe,
L’enfant sera digne de vous.
dans les festins. Monseigneur, je n’en peux plus. Je ris encore quelquefois ; mais j’avoue que la douleur est un mal. Je suis consolé si Votre Altesse électorale est heureuse. Je suis plus fait pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes.
Puisse la paix servir d’époque à la naissance du prince que j’attends ! Puisse son auguste père conserver ses bontés au malingre, et agréer les tendres et profonds respects du petit Suisse ! etc.