Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4502

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 246-247).

4502. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY.
Au château de Ferney, 29 mars.

Le pauvre maçon de Ferney, monsieur, travaille à force pour se mettre en état de vous recevoir tant bien que mal dans sa chaumière, vous et M. de La Marche. Je ne compte pas trop sur M. de Pont-de-Veyle, lequel ne pense pas qu’il y ait de salut hors de Paris. Pour moi, ce n’est pas Paris que j’aime, c’est Dijon ; et si je n’étais pas maçon, laboureur, barbouilleur de papier, et malade, je quitterais mes ateliers et mon médecin pour venir jouir de la société charmante que je trouverais dans votre ville. Vous verrez, par la petite Épître[1] ci-jointe, si je suis attaché à la campagne.

C’est à vous, monsieur, que je dois des remerciements de la place dont votre Académie[2] veut bien m’honorer. Je vous supplie de lui faire agréer mes profonds respects et ma sincère reconnaissance. Ce sera une raison de plus pour m’engager au voyage de Dijon, s’il peut y avoir quelque nouveau motif après celui de vous embrasser, vous et vos amis. J’espère que nous raisonnerons de tout cela au mois d’auguste, dans ma chaumière de Ferney.

J’ai l’honneur d’être, avec l’attachement le plus inviolable, monsieur, etc.


Voltaire.

  1. L’Épître sur l’Agriculture ; voyez tome X.
  2. Voltaire fut nommé membre honoraire de l’Académie de Dijon le 3 avril 1761; mais M.de Ruffey lui avait écrit le 21 mars pour lui offrir ce titre au nom de la compagnie.