Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4396
Tout malade que je suis, monsieur, je suis très-honteux de ne répondre qu’en prose, et si tard, à vos très-jolis vers. Je félicite le roi de Pologne d’avoir auprès de lui un gentilhomme qui pense comme vous[2]. Il serait bien difficile qu’on pensât autrement à la cour d’un prince qui pense si bien lui-même, et qui a fait renaître, dans la partie du monde qu’il gouverne, les beaux jours du siècle d’Auguste, l’amour des arts et des vertus.
Lorsque j’ai demandé, monsieur, votre adresse à Mme la marquise des Ayvelles[3], à qui je dois sans doute vos sentiments, je me flattais de vous faire de plus longs remerciements. Ma mauvaise santé ne me permet pas une plus longue lettre ; mais elle ne dérobe rien aux sentiments d’estime et de reconnaissance[4], monsieur, de votre très-humble et très-obéissant serviteur.
- ↑ Il avait adressé à Voltaire, sur la comédie de l’Écossaise, une épître imprimée dans le Mercure, tome II d’octobre 1760.
- ↑ Je donne cette lettre telle qu’elle est imprimée dans le Mercure, 1761, tome I, page 106. Elle y est sans date. Les éditeurs de Kehl l’ont datée du 1er septembre, et leur texte est ici différent :
« … comme vous. Cela fait presque pardonner la protection qu’il a prodiguée à un malheureux tel que Fréron. Ce monarque est comme le soleil, qui luit également pour les colombes et pour les vipères. »
Stanislas avait, en 1757, été parrain du fils de Fréron, qui a été membre de la Convention, (B.)
- ↑ Marie-Béatrix du Châtelet, mariée à Phil-Fr. d’Ambly des Ayvelles, en 1693. Voltaire avait sans doute connu, en Lorraine, cette parente de la marquise du Châtelet. (Cl.)
- ↑ Dans l’édition de Kehl on lit :
« Avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.
Vous m’avez attendri, votre épître est charmante ;
En philosophe vous pensez ;
Lindane est dans vos vers plus belle et plus touchante,
Et c’est vous qui l’embellissez. »Voyez dans les Poésies inédites, tome X, le n° 225.