Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4207

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 485).
4207. — À M. COLINI.
30 juillet.

À vos talents qui vous rendent un juge éclairé. Je crois que les talents ne rendent point juge, qu’ils ne rendent point une femme[1] un juge ; que ce masculin et ce féminin font un mauvais effet. J’aimerais mieux : à vos talents, a votre génie éclairé ; cela serait plus grammatical et aurait encore le mérite d’être plus correct. Le reste de l’Épître dédicatoire est à merveille. Je suis étonné et enchanté, mon cher Toscan, que vous écriviez si bien dans notre langue.

L’aventure du corps de M. de Saint-Germain détruit[2] est bien désagréable ; mais cela n’empêchera pas de présenter la Requête[3]. Je crois, autant qu’il m’en souvient, que votre cassette était dans votre valise. Il serait bon que vous rappelassiez votre mémoire, et que vous m’écrivissiez positivement où elle se trouvait, ce qu’elle contenait, et en quelles espèces était votre argent. Vous garderiez par devers vous un double de votre lettre. Je suivrai cette affaire avec chaleur.

  1. L’électrice palatine.
  2. La nouvelle de cette destruction était très-fausse, car le maréchal de Broglie, puissamment aidé par le comte de Saint-Germain (plus tard ministre de la guerre), avait battu, le 10 juillet, à Corbach, le prince héréditaire de Brunswick.
  3. Voyez la lettre 3757.