Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4164

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 435-436).

4164. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 23 juin.

Mon divin ange, M. le duc de Choiseul m’a mandé qu’il avait vu le Pauvre Diable. Vous devez l’avoir chez vous ; mais en voici, je crois, une meilleure édition, que la cousine Catherine Vadé m’a envoyée, et que je remets dans vos mains pour vous amuser, car il faut s’amuser. Voici encore l’amusement d’une nouvelle réponse à une nouvelle lettre de Palissot de Montenoi. Puisque vous avez eu la bonté de lui faire parvenir ma première, j’ose encore vous supplier de lui faire tenir ma seconde. Elle est argumentum ad hominem ; et, s’il ne fait pas ce que je lui demande, je pense qu’on peut alors rendre ma lettre publique ; mais ce ne sera pas sans votre consentement.

Vous aurez, par le premier ordinaire, le drame de Jodelle[1], ajusté au théâtre moderne par Hurtaud. Si cela ressemble à Nanine, j’ai tort ; si cela n’est pas gai et intéressant, j’ai encore tort ; si cela peut être joué sans qu’on soupçonne le moins du monde un autre que Hurtaud, j’aurai un vrai plaisir. Voulez-vous m’en faire un ? C’est de m’envoyer un des Mémoires de M. Lefranc de Pompignan. Tout le monde m’en parle, et je ne l’ai point vu.

Mon cœur est aussi tendre avec vous que coriace avec Pompignan. Trublet travaille au Journal chrétien. Il a imprimé que je le faisais bâiller ; Catherine Vadé dit qu’il est plus ennuyeux[2] encore que moi.

Mes respects, je vous prie, à Abraham Chaumeix, si vous le voyez chez M. Joly de Fleury.

Je ne vous en aime pas moins, mon divin ange.

  1. Voyez lettre 4090.
  2. Voyez le Pauvre Diable, vers 222.