Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4159

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 428-429).

4159. — À M. LE BARON DE MONTHON[1].
20 juin.

Monsieur, puisque vous me mettez des Monsieur en sentinelle, je vous en mettrai aussi ; mais je vous dirai que j’ai plus besoin d’avoine que de traducteurs. J’obéirai à vos ordres, et les Cramer ne manqueront pas de vous adresser un exemplaire de l’Histoire de Pierre le Grand dès qu’elle sera prête à paraître. Ces détails les regardent uniquement. Je leur ai abandonné sans réserve tout le profit de mes ouvrages : ils font mon amusement ; je souhaite qu’ils fassent l’avantage de ceux à qui j’en fais présent. Je leur recommanderai de prendre, pour la traduction, les arrangements que vous ou vos amis, monsieur, vous voudrez bien prescrire.

Je ne sais si j’engraisse mes libraires, mais mes chevaux sont bien maigres ; et comme j’ai beaucoup plus de chevaux que d’imprimeurs, je vous demande instamment votre protection pour une vingtaine de coupes d’avoine, en attendant que vos belles récoltes passent dans mes greniers. Si Dieu me prête vie, vous ne débourserez pas un sou pour me payer mes douze mille francs. Je me suis brouillé avec les bœufs ; ils marchent trop lentement ; cela ne convient point à ma vivacité. Ils sont toujours malades ; je veux des gens qui labourent vite et qui se portent bien.

Mille respects à Mme la baronne de Monthon.

Habitez-vous actuellement votre château d’Annemasse ?

J’ai l’honneur d’être, avec les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — N’est-ce-pas Montyon qu’il faut lire. (G. A.)