Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4134

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 397-398).

4134. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Aux Délices, 26 mai.

Ressusciter est sans doute un grand cas ;
C’est un plaisir que je viens de connaître ;

Mais le plus grand, ce serait d’apparaître
À ses amis ; je ne m’en flatte pas.
Pour ce prodige, il est quelques obstacles.
C’en serait trop pour les gens d’ici-bas
Que deux plaisirs, et surtout deux miracles.


J’ai grande envie de ressusciter entièrement, c’est-à-dire de voir M. et Mme de Chenevières, et votre ami, qui me fait d’aussi jolis compliments ; mais un maçon, un laboureur, un jardinier, un vigneron, tel que j’ai l’honneur de l’être, ne peut quitter ses champs sans faire une sottise. Je suis plus capable de faire des sottises que des miracles.

Bonjour, homme aimable.

  1. Voyez tome XXXIX, page 138. Chenevières avait, le 12 mai, écrit à Voltaire que le bruit de sa mort avait couru à Versailles. Une lettre du philosophe, qui paraît perdue, l’avait rassuré.