Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4024

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 280-281).

4024. — PROJET DE VENTE DE TOURNAY.
à perpétuité[1].
10 janvier.

Il y a parole entre MM. de Brosses et de Voltaire pour la vente de la terre de Tournay, aux conditions ci-après, qui seront rédigées entre eux par écrit, au moins sous signature privée, d’ici au premier février prochain, passé lequel temps il demeurera libre à chacune des parties contractantes de retirer sa parole si elle juge à propos de le faire.

La terre de Tournay sera vendue par M. de Brosses à M. de Voltaire pour lui ou son compagnon nommable, telle qu’elle se comporte et qu’il en a actuellement la jouissance viagère par traité fait entre eux le onze décembre mil sept cent cinquante-huit, ensemble tous les meubles, effets et bestiaux compris audit traité et les fruits pendants par racines ;

Pour le prix de cent dix mille livres, savoir cent mille livres pour le prix de la terre, et dix mille livres pour le prix des meubles, effets, bestiaux et fruits pendants ;

En outre et par-dessus la somme de trente-cinq mille livres déjà reçue par M. de Brosses, lors dudit traité du 11 décembre 1758.

De laquelle somme de cent dix mille livres M. de Voltaire payera cinquante mille livres trois mois après la signature des présentes conventions, sans intérêt pour ces trois mois, et avec intérêt au denier vingt en cas de retard ; et du restant il constituera une rente rachetable avec intérêts au denier vingt depuis le jour de ladite convention jusqu’au remboursement dudit capital, sans retenue de dixième, ni de vingtième, la terre étant reconnue de l’ancien dénombrement ; lequel remboursement M. de Voltaire pourra faire en plusieurs payements, et ne sera fait qu’en espèces d’or et d’argent, ou en lettres de change payables de cette manière, et en avertissant trois mois d’avance.

Il sera passé acte par-devant notaire de ladite vente sitôt que M. de Voltaire se sera accommodé pour les lods et ventes, et aura obtenu la confirmation des privilèges attachés à la terre[2]. En attendant, il en sera fait entre les parties un acte de main privée au jour dit.

M. de Voltaire payera, outre le prix ci-dessus, à Mme de Brosses vingt-cinq louis d’or en signant les présentes conventions pour la chaîne du marché.

Le présent écrit, contenant la parole de M. de Brosses, sera remis à M. de Voltaire, qui lui en donnera un pareil. Ce dix janvier mil sept cent soixante.


Brosses.

  1. Editeur, Th. Foisset.
  2. Ces mots et ceux imprimés en italique ci-dessus sont ajoutés de la main de Voltaire à un projet de vente antérieurement dressé entre lui et Girod, du reste littéralement conforme à celui-ci, mais non signé. (Note du premier éditeur.)