Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 4011

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 265-266).

4011. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 28 décembre.

Jouissez de la santé, madame, l’année 1760 ; n’ayez point mal aux yeux, comme moi, qui ne peux vous écrire de ma main. Vivez avec votre amie[1], et avec monsieur votre fils, tant que vous pourrez ; voyez d’un œil tranquille nos énormes sottises ; mettez à la tontine, et enterrez votre classe. J’ai envoyé un gros paquet à Colini, dans lequel il y a une lettre pour monseigneur l’électeur palatin, et une autre pour le valet de chambre favori ; il devrait l’avoir reçu. Les bontés dont vous l’honorez, madame, me mettent en droit de vous prier de l’en avertir.

On dit qu’on a roué le révérend père Malagrida ; Dieu soit béni ! Vous aviez deux jésuites bien insolents, l’un à Strasbourg, l’autre à Colmar[2]. Monsieur le premier président, votre frère, ménageait ces maroufles. Ne sait-il pas qu’ils sont à présent fort au-dessous des capucins ? Je mourrais content si la paix était faite, et si je voyais les jansénistes et les molinistes écrasés les uns par les autres. Mille tendres respects.

  1. Mme de Brumath.
  2. Celui de Colmar était Kroust.