Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3964

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 212-213).

3964. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 5 novembre.

Vos Délices, mon cher ami, ont été assez magnifiques ces jours-ci. Sans doute monsieur votre frère vous rend compte de nos plaisirs. M. de Chauvelin ne sera pas probablement secrétaire d’État ; mais il sera toujours un homme d’un très-grand crédit, et, ce qui vaut le mieux, un homme très-aimable. Sa femme est charmante. Je crois qu’ils ne sont pas mécontents de la réception que nous leur avons faite. Je vous avoue que je rougis de mes plaisirs et de mes dépenses. J’y vais mettre ordre, et rentrer sous les lois de l’académie de lésine. On ne peut mieux prendre son temps. Le discrédit, l’humiliation, sont au comble ; chaque jour annonce un nouveau malheur. Tant de pertes, tant de maux, saisissent si pleinement les cœurs qu’à peine parle-t-on du vaisseau chargé de jésuites et des révérends pères qu’on va pendre.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.