Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3960

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 207-208).

3960. — À M. DE BRENLES.
Aux Délices, 4 novembre.

Mon cher ami, le plaisir ne laisse pas de fatiguer. Je vais me coucher à dix heures du matin, cela est, comme vous dites, d’un jeune homme de vingt-cinq ans. Permettez que je ne réponde pas de ma main, parce qu’elle est encore toute tremblante de la joie que j’ai eue de voir jouer Mérope par Mme Denis, comme elle l’a été par Mlle Dumesnil dans son bon temps. Il ne manquait que vous à nos fêtes ; j’espère que cet hiver nous viendrons vous enlever, vous et madame votre femme. Vous me direz peut-être qu’il n’est pas fort honnête d’avoir tant de plaisir, dans le temps que les affaires de notre patrie vont si mal ; mais c’est par esprit de patriotisme que nous adoucissons nos malheurs.

Je vous dois sans doute des remerciements de m’avoir envoyé le porteur de votre lettre ; s’il ressemble à son frère, j’aurai encore plus de remerciements à vous faire,

Mme Denis vous fait mille compliments. Je n’en peux plus ; bonsoir à dix heures du matin.

Je vous embrasse tendrement, V.