Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3915

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 160).

3915. — À M. BERTRAND.
29 août.

Il y a longtemps que je vous dois une réponse, mon cher philosophe. Je crois que les entrepreneurs de l’Encyclopédie ont pris des mesures qui vous laissent toute votre liberté, et qu’il vaudra bien mieux que vous rassembliez dans un volume votre Histoire naturelle, que de l’éparpiller dans une douzaine d’in-folio.

L’histoire naturelle devient bien vilaine en Allemagne ; la nature de l’homme sera toujours de s’égorger sans savoir pourquoi. Maupertuis a fini la sienne d’une manière bien peu philosophique ; il valait mieux encore se faire enduire de poix-résine que de mourir entre deux capucins. Formey, qu’il méprisait tant, est plus sage et plus heureux que lui. Je ne sais si les Russes viendront dans Berlin[1] lui demander quelques conférences sur les belles-lettres. On dit aujourd’hui que le roi de Prusse a repris Francfort-sur-l’Oder. Les événements de la guerre changent tous les jours, mais la misère des peuples ne change point. Mille tendres respects à M. et à Mme de Freudenreich. V.

  1. Les Russes entrèrent à Berlin vers le commencement d’octobre 1760.