Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3879

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 131-132).

3879. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Aux Délices, 29 juin 1759.

Il y a longtemps, mon cher confrère en Apollon et mon président en foi et hommage, que je n’ai eu de vos nouvelles. Je vous ai envoyé plus d’un paquet et une belle procuration légalisée, et tout ce que vos bontés prescrivaient, à l’adresse du secrétaire des états de Bourgogne[2]. Je soupçonne que vous êtes dans vos belles terres, et que vous y avez un temps plus favorable que celui qui nous persécute dans nos montagnes. Vous savez sans doute que Gresset a menacé le public, dans une lettre, de ne jamais écrire pour le théâtre, et vous connaissez la jolie épigramme par laquelle Piron l’a remercié au nom du public.

On dit qu’on a brûlé trois jésuites à Lisbonne ; mais jusqu’à présent on ne tient cette nouvelle que des jansénistes. Permettez-moi, pour toute nouvelle sûre, de vous dire que le roi m’a accordé tous les privilèges attachés à Ferney autrefois, et qui étaient perdus pour moi. Me voilà entièrement libre.

Vous avez eu la bonté de me faire inscrire au nombre de ceux qui reçoivent le petit bulletin de Dijon. Je n’en ai pas entendu parler. Mille respects à Mme de Ruffey. Mme Denis et moi, nous sommes pénétrés pour vous de la plus vive reconnaissance.


Le Suisse V.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Jacques Varenne, père de arenne de Béost et de Varenne de Fenille. Il a mérité une place dans la Biographie universelle (xlvii, 498) par l’éclat de la lutte qu’il soutint sous le nom des états contre le parlement de Dijon. On voit que le secrétaire des états avait le port franc.