Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3871

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 121-122).

3871. — À MADAME DE FONTAINE.
15 juin 1759.

Si vous êtes à Paris, ma chère nièce, il faut que je vous importune encore pour ma chevalerie[1]. J’ai donné congé pour quelque temps à Pierre le Grand en faveur de mes chevaliers. Gardez-vous bien de montrer mon brouillon à qui que ce soit au monde ; ceci est un secret de famille, excepté pour M. de Florian. Cet ouvrage est-il dans vos mains ? est-il chez M. d’Argental ? Je n’en sais rien. Je suis toujours tout stupéfait de ne recevoir aucune nouvelle, depuis plus d’un mois, du nouvel envoyé de Parme. Il s’était chargé d’une négociation avec M. le comte de La Marche, mon seigneur suzerain ; rien n’était plus convenable à un ministre. Je l’ai pressé de ne me point instruire de mes affaires ; mais je ne puis concevoir qu’il ne me parle pas d’une tragédie. Il faut qu’il ait quelque chose sur le cœur ; je vous prie de m’en éclaircir. Il m’aurait autrefois écrit des volumes sur une pièce de théâtre ; je ne conçois rien à son silence… Aimez toujours un peu le vieux Suisse.

Mon Parmesan m’écrit enfin, et m’envoie des volumes d’observations. Vraiment oui, il est bien question de cela ! Pense-t-il que depuis trois semaines je n’aie pas changé la pièce ? Gardons ce secret d’État, et amusons-nous.

  1. Tancrède.