Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3813

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 67).
3813. — À MADAME BELOT[1].
Au château de Tournay, par Genève, 26 mars.

Madame, l’ami Thieriot, qui m’a fait parvenir vos faveurs, est un paresseux, et connu pour tel, qui ne m’a pas seulement instruit de votre demeure. Je lui adresse enfin les remerciements que je vous dois. Je ne veux pas passer pour ingrat, quand vous m’avez fait votre redevable et votre admirateur. Je serais enchanté de vos ouvrages si vous n’étiez qu’un homme ; jugez quels sont mes sentiments quand je sais que vous êtes de ce sexe qui a civilisé le nôtre, et sans lequel nous n’aurions été que des sauvages, comme Jean-Jacques veut que nous soyons. La plupart des personnes de votre espèce n’ont réussi qu’à plaire ; vous savez plaire et instruire. On m’a dit, madame, que votre société est aussi aimable que vos livres. Vous avez voulu, en me procurant le plaisir de vous lire, me consoler du malheur de ne pouvoir vous entendre, et vous m’avez inspiré une reconnaissance avec laquelle je serai toute ma vie, madame, votre, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Mme Belot, depuis présidente de Meynières, était alors veuve d’un avocat. Quelques écrits, notamment une réfutation de J.-J. Rousseau, l’avaient fait connaître.