Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3788

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 44).

3788. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Manheim, le 23 février.

J"ai reçu, monsieur, vos lettres avec bien du plaisir, et vous suis très-obligé des bons souhaits que vous me faites. Ce serait un bonheur trop parfait dans ce monde s’ils s’accomplissaient en tout point. L’Optimisme[1] est banni depuis longtemps de notre globe, et si Pope vivait encore, je doute qu’il soutînt, en voyant tout ce qui passe depuis peu d’années, que all what is, is right.

Vous me ferez un sensible plaisir de venir cet été. Ne craignez plus le froid ; j’y porterai grand soin, et, plutôt que d’être privé de la satisfaction de vous voir, je ferai placer une cheminée à chaque porte et fenêtre. Profitez cette année des fleurs d’orange, car il ne me paraît pas encore que le terroir d’Allemagne soit disposé à porter beaucoup d’olives. Soyez bien persuadé de la parfaite estime que j’aurai toujours pour le vieux Suisse.


Charles-Théodore, électeur.
  1. Allusion au roman de Candide ou l’Optimisme, dont Voltaire avait sans doute envoyé un des premiers exemplaires à l’électeur.