Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3125

Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 555).

3125. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
26 février.

Que dites-vous du départ du grand docteur Tronchin ? Le docteur m’est venu voir sur la route ; il ne m’a pas dit où il allait ; mais je crois l’avoir deviné.

Le bruit d’un combat naval a couru dans nos montagnes ; mais elles sont trop éloignées de la mer. Il paraît que voilà la guerre de Rome et de Carthage. Les Carthaginois forcèrent les Romains à devenir meilleurs marins qu’eux ; mais il y a encore bien loin de Brest à Londres. Le commerce souffrira beaucoup, les deux nations s’épuiseront en Europe pour quelques arpents de neige en Amérique. Il paraît qu’il n’y a qu’une petite décoration de changée à Versailles. Eh bien ! les Anglais valent donc 40 livres pièce ? Des dissensions pour un vieux conseiller du grand conseil, des guerres ridicules chez les Algonquins, des billets de confession, etc., tout cela fait que je me trouve fort bien à Monrion et aux Délices.

  1. Revue suisse, 1855.