Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3113

Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 546).

3113. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
À Monrion, le 8 février.

Vous me demandez, mon ami, des armes contre les sots ; votre sens commun doit vous suffire. Les petits vers que vous m’avez envoyés sur Lisbonne sont de quelque bel esprit de café ou d’antichambre. Permettez-moi de vous dire que les laquais des gens d’esprit ne m’attribueraient pas ces pauvretés. Ma nièce est très-sensible à votre souvenir. Je vous embrasse de tout mon cœur, et vous remercie de votre attention.

Je suis bien fâché qu’on soit si bête en France ; mais du temps de Boileau on lui attribuait des vers de Cotin.

Je vous dirai, pour nouvelles, que le roi de Prusse vient de m’envoyer ma tragédie de Mèrope, mise par lui en opéra, en vers français. Il travaillait à la fois à cet ouvrage et à son traité.

P. S. J’apprends, dans ce moment, que vos petits vers sont d’un jeune homme de condition[2]. Je les croyais d’un jeune homme en condition. Vale.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Ximenès.