Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 3045

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 492-493).

3045. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 29 octobre.

Mon cher ange, je vous ai envoyé deux exemplaires de votre Orphelin. Je vous prie de pardonner à ma misère ; je devrais avoir mieux répondu aux soins dont vous avez honoré mes Chinois, vous et Mme d’Argental. J’ai rendu compte, autant que je l’ai pu, de ce qui s’est passé entre le quatrième et le cinquième acte ; mais je ne sais si j’en ai rendu bon compte. Je vous demande en grâce de donner un exemplaire de cette nouvelle fabrique au négligent de Lambert, qui devient si impatient quand il s’agit de me faire enrager. Qu’il fasse au moins usage de cet exemplaire, si je ne peux lui en procurer un meilleur. Je vous avoue que l’aventure de la Pucelle m’a mis hors d’état de travailler. Je suis parfaitement instruit qu’elle est imprimée ; elle inondera bientôt tout Paris, et je serai à mon âge l’occasion d’un grand scandale. Me conseillez-vous de renouveler mes protestations dans quelque journal ? Permettez que j’insère sous votre enveloppe un petit mot[1] à M. le comte de Choiseul ; je ne sais point sa demeure, et je crains que ma lettre n’aille à quelqu’un de son nom qui n’aurait pas pour moi la même indulgence que lui. J’ai reçu de mon mieux les deux pèlerins[2] que vous m’avez annoncés. Les deux exemplaires de l’Orphelin de la Chine sont partis à l’adresse de M. Dupin, secrétaire de M. d’Argenson ; mais j’ai bien peur que Jeanne ne fasse plus de bruit qu’Idamé. Mon cher ange, priez Dieu pour moi.

  1. La lettre suivante.
  2. Palissot et Patu.