Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2987

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 438).
2987. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Manheim, ce 17 août.

S’il était aussi facile, monsieur, de faire un bel édifice qu’il vous est aisé de faire une belle tragédie, je ne serais pas en peine de la réussite des bâtiments que j’ai commencés. Les deux ailes[1] que vous avez ajoutées au vôtre n’ont fait que donner de nouveaux ornements à votre ouvrage. Par le plaisir que j’ai de lire ce que vous faites, jugez de celui que j’aurai de vous revoir ici. Je me suis beaucoup entretenu de vous, il y a peu de temps, avec un Anglais nommé Garden[2], qui m’a paru un homme d’esprit et de savoir. Il m’a dit vous avoir beaucoup fréquenté pendant son séjour à Lausanne.

J’espère que votre médecin suisse rétablira bientôt votre santé, pour que l’Europe jouisse plus longtemps de vos écrits, et moi du plaisir de vous revoir. Vous me feriez, entre temps, un vrai plaisir de me mander quelle sorte d’habillement vous trouvez le plus convenable pour les acteurs. Je m’imagine que vous ne voulez pas une tête et une moustache chinoises pour Zamti, ni de petites pantoufles de métal pour sa femme, quoique ce ne soit pas ce à quoi l’on prendrait garde, en écoutant de si beaux vers.

Je suis avec beaucoup d’estime, etc.

Charles-Théodore, électeur.

  1. es quatrième et cinquième actes de l’Orphelin.
  2. Probablement François Garden, lord Gardenston, né en 1721, auteur de trois volumes intitulés Travelling Mémorandum, 1791-92.