Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2975

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 429).
2975. – À M. DE BRENLES.
Aux Délices, 5 août.

Mais dites-moi donc, mon cher philosophe, comment les hommes peuvent être si méchants, comment on a pu faire un tissu de tant de bétises et de tant d’horreurs, et comment Maubert a pu s’unir avec Grasset pour un aussi affreux scandale. Dès que Grasset vint me montrer l’échantillon de la pièce, tous mes amis me conseillèrent de déférer cette plate infamie à la justice. Grasset ne s’est tiré d’affaire qu’en disant qu’il tenait la feuille de Maubert ; et Maubert a répondu qu’il la tenait de Lausanne. Si tout le reste est comme ce que j’ai vu, c’est l’ouvrage d’un laquais. J’ai rempli mon devoir en me plaignant juridiquement ; mais je ne goûte de consolations qu’en déposant mes plaintes dans le sein de votre amitié. Je vous embrasse de tout mon cœur. Quand pourrai-je vous voir à Monrion ?