Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2874

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 342).

2874. — DE M. JACOB VERNET[1].

Monsieur, la seule chose qui trouble la satisfaction générale de voir arriver parmi nous un homme aussi célèbre que vous êtes, c’est l’idée que des ouvrages de jeunesse ont donnée au public sur vos sentiments par rapport à la religion. Je ne vous dissimulerai point que les gens sages qui nous gouvernent, et la bonne bourgeoisie, ont manifesté, dans leurs discours, de graves inquiétudes à ce sujet : j’espère que vous les dissiperez complètement. Si tous les théologiens, les jurisconsultes et les philosophes, sont d’accord sur la religion, c’est que les pasteurs ont la sagesse de s’en tenir au pur Évangile, et les gouvernants savent que l’Évangile est nécessaire. Ainsi, monsieur, nous espérons que vous entrerez dans nos vues, et que vous vous unirez à nous, quand l’occasion s’en présentera, pour détourner notre jeunesse de l’irréligion qui conduit au libertinage. Soyez sûr qu’alors vous serez honoré, chéri de tous, et craint de personne.

  1. Mémoire sur la vie et les ouvrages de Vernet, par Saladin, 1790, in-8o — Desnoiresterres, Voltaire aux Délices, page 75.