Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2872

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 339).

2872. — À M. THIERIOT.
7 février.

Tâchez toujours, mon ancien ami, de venir avec Mme de Fontaine et M. de Prangins ; nous parlerons de vers et de prose, et nous philosopherons ensemble. Il est doux de se revoir, après cinq ans d’absence et quarante ans d’amitié. Je vous avertis d’ailleurs que ma machine, délabrée de tous côtés, va bientôt être entièrement détruite, et que je serais fort aise de vous confier bien des choses avant qu’on mette quelques pelletées de terre transjurane sur mon squelette parisien. Vous devriez apporter avec vous toutes les petites pièces fugitives que vous pouvez avoir de moi, et que je n’ai point. On pourrait choisir sur la quantité, et jeter au feu tout ce qui serait dans le goût des derniers vers de ***. Je m’imagine enfin que vous ne seriez pas mécontent de votre petit voyage, avant que votre ami fasse le grand voyage dont personne ne revient.

Je vous embrasse très-tendrement ; mes respects à MM. les abbés d’Aidie et de Sade. Puissent tous les prélats être faits comme eux !

Vous me parlez de cette Histoire universelle qui a paru sous mon nom ; c’est un monstre, c’est une calomnie atroce, inhumaniorum litterarum fœtus. Il faut être bien sot ou bien méchant pour m’imputer cette sottise ; je la confondrai, si je vis.