Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2848

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 318).

2848. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
À Prangins, 13 janvier 1755.

Nous vous prions, mon ami, très instamment, Mme Denis et moi, de donner ou faire donner cette lettre à M. le comte d"Argenson. Il s’agit de faire la fortune d’un des plus estimables hommes du royaume, et cette fortune consiste dans une place de prévôt d’un village, qu’on nomme ville impériale dans la haute Alsace. Nous vous prions d’avoir la bonté de nous dire à quel bureau vont ces affaires, à quel premier commis il faudrait s’adresser, et de nous aider de toutes vos forces pour nous faire réussir. C’est un avocat au conseil souverain de Colmar, nommé Dupont, qui demande la prévôté de Munster. Je crois que cette place est inconnue à Versailles, aussi bien que les Dupont et tous ceux qui la demanderont.

Il est singulier que ce soit des bords du lac de Genève que nous présentions requête pour un Alsacien ; mais cet Alsacien est notre ami intime et un homme d’un mérite rare. Nous tâcherions de le servir, quand même nous serions en Norwége. Nous ne sommes ici qu’en attendant la belle saison, pour aller prendre les eaux d’Aix en Savoie. L’oncle est devenu presque paralytique, la nièce est garde-malade, et tous deux vous aiment de tout leur cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.