Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2506
Mon cher Isaac, il est vrai que j’ai enfoncé des épingles dans le cul[1], mais je ne mettrai point ma tête dans la gueule.
Je vous prie de lire attentivement l’article ci-joint du Dictionnaire[2] de Scriberius audens, et de me le rendre, et de m’en dire votre avis. Je suis fâché que vous ne vous appliquiez plus à ces bagatelles rabbiniques, théologiques, et diaboliques ; j’aurais de quoi vous amuser ; mais vous aimez mieux à présent la basse de viole. Tout est égal dans ce monde, pourvu qu’on se porte bien et qu’on s’amuse.
Si bene vales, ego quidem non valeo … te amo, tua tueor[3]. Avez-vous reçu votre contrat[4] ? Songez, je vous en prie, au livre de l’abbé de Prades, et à la religion naturelle : c’est la bonne ; il faut l’avoir dans le cœur.
- ↑ Allusion aux rêveries de Maupertuis.
- ↑ Peut-être s’agit-il ici du Dictionnaire philosophique, pour lequel Voltaire avait déjà composé l’article Abraham. (Cl.)
- ↑ Pline, épître xi.
- ↑ Voyez le premier alinéa de la lettre 2395.