Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2495

Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 550-551).

2495. — À M. LE MARQUIS DE COURTIVRON[1].
Le 2 janvier 1753.

Je vous remercie, monsieur, des éclaircissements que vous avez bien voulu me donner sur votre Traité de la Lumière. Je les reçois avec reconnaissance, et j’avoue qu’ils m’étaient nécessaires pour le bien entendre, car, quoique je me sois autrefois occupé de mathématiques, j’en ai actuellement perdu l’habitude.

Quand je reçus votre livre, je crus que c’était l’ouvrage d’un savant ordinaire : mais notre cher Clairaut m’apprend que vous êtes cet officier général de l’état-major auquel le comte de Saxe écrivit avec cette brevitatem imperatoriam des anciens, en accourant à Ellenbogen en Bohême, où vous conteniez avec moins de six cents hommes, par le poste que vous aviez pris devant le château de cette place, les quatre mille Croates qu’il y fit capituler le lendemain : À homme de cœur, courtes paroles ; qu’on se batte, j’arrive. Maurice de Saxe.

Billet auquel vous répondîtes si énergiquement. Les sciences et les arts gagnent à être cultivés par les mains qui ont cueilli des lauriers. Frédéric fait de bons vers, le maréchal de Saxe des machines, et vous êtes mathématicien.

Recevez, comme bien démontrées, les assurances des sentiments respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Gaspard le Compasseur de Créqui-Montfort, marquis de Courtivron, né en 1715, au château de Courtivron en Bourgogne, reçu à l’Académie des sciences en 1744, mort en octobre 1755. Son Traité d’Optique, cité ici par Voltaire, parut en 1752, in-4°. (Cl.)